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L'ergotisme

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Message par andaine Dim 25 Juin 2017 - 13:11

Sixième Cursus - Le Médecin
Cours II : Les épidémies

L'ergotisme



L'ergotisme Feu_de10

Maladie aussi baptisée "Feu de Saint-Antoine" car nombre de ses victimes se rendent en pèlerinage auprès des reliques de ce Saint,
ou encore "Mal des Ardents" en raison des sensations de brûlures ressenties dans les membres des malades.



L'ergotisme à travers le temps

A l’inverse de la peste, l’ergotisme n’a pas créé de grandes épidémies. Des cas plus ou moins isolés sont apparus au fil des siècles, et si ce n’est l’épidémie de 1129, le nombre de morts reste bien moindre par rapport à la Mort noire. Mais paradoxalement, bien que peu virulente, tous les chroniqueurs sont unanimes sur sa gravité et tous affirment qu'elle est au-dessus des ressources de la médecine ordinaire.

Les premiers cas de « Mal des Ardents » ont été signalés vers 850 en Alsace, et dans la Capitale du Royaume de Francce en 945.

En 994 nous avons traces d’une épidémie d’ergotisme à Limoges, qui fit environ 40 000 morts.
Le moine Adémar de Chabannes nous relate les évènements : "Le dixième abbé, Geoffroy, gouverna pendant sept ans ; il mourut le 5 des ides d’octobre. Sous son abbatiat, des plaies brûlantes couvrirent le corps des Aquitains, et plus de quarante mille hommes moururent de cette épidémie. Pour cette raison, l’abbé Geoffroy et les évêques d’Aquitaine assemblés à Limoges élevèrent le corps de l’apôtre (saint Martial) et le transportèrent au Mont-Jovis ; de là ils le rapportèrent à son tombeau la veille des nones de décembre et la peste de feu cessa."

En 1090 une nouvelle épidémie se déclara en à Tournai, qualifiée de "peste" par les contemporains. Il s’agit certainement d’une épidémie d’ergotisme qui sévit également en Flandre et dans le Brabant. L’évêque Radbod propose au peuple de revêtir l’habit de pénitent, de jeûner un vendredi et de prier Notre Dame. Une procession est constituée dans laquelle les fidèles seront accompagnés des reliques de leurs saints. La supplication est entendue et le fléau cesse.

En 1129 nous comptons une nouvelle fois une telle épidémie à paris, qui fit 14 000 victimes. On fit appel à sainte Geneviève, qui déjà sauva la ville à maintes reprises, et on organisa une procession solennelle. Au cours de cette dernière tous les malades qui s’étaient approchés de la châsse contenant les reliques de la sainte patronne de Paris furent guéris, à l’exception de 3 seulement qui avaient probablement manqué de foi ou de confiance en Dieu.

Plus récemment, en 1354, nous comptons de nouveau des cas d’ergotisme, cette fois-ci en Picardie et en Artois.


Causes de la maladie

Le mal des ardents est une affection "touchant l'estre humain et dont l'on ne sait guère d'ou elle vient". 1
Elle se développe essentiellement l'été.

L'ergotisme étant une maladie épidémique, nous pouvons calquer les causes de son développement sur celles de la peste.
Rappelons donc que cette maladie peut être un avertissement divin face à nos nombreux péchés. A moins qu’elle ne soit "semée" par les païens ou autres hétérodoxes, menés par la Créature-Sans-Nom…
Quoi qu’il en soit, le venin est transporté par les vapeurs, qui montent des hommes malades, des marais, des lieux d’aisance.

L’atmosphère viciée en reste la cause principale.


L'ergotisme Malade10



Symptômes

Nous pouvons résumer les symptômes de l'ergotisme en présent les mots du biographe anonyme de Sainte Dymphne 2 :


    "Le feu persique, dit-il, est une maladie pestilentielle qui consume la chair et la sépare des os, au-dessous de la peau, devenue livide. A mesure qu'on avance, la douleur et l'ardeur augmentent et finissent par tuer les malheureux; parfois la mort qu'ils souhaitent n'arrive pas avant que, tous leurs membres étant rongés et détruits, le feu ne gagne les organes indispensables à la vie."



Nous pouvons donc trouver des hallucinations passagères, une perte de la sensibilité au bout des doigts, une sensation de brûlure au seing des membres atteints et la gangrène pour les cas les plus avancés.

Les symptômes peuvent être grossièrement divisée en deux groupes 3 :


  • La forme convulsive
    Elle comprend des crises de convulsions et des spasmes douloureux, des diarrhées, des engourdissements, des démangeaisons, des maux de tête, des nausées et des vomissements. En plus des convulsions, il peut exister des hallucinations, pouvant aller à un sentiment de persécution dangereux à la fois pour le patient mais aussi pour le médecin ou toute personne habilitée à apporter des soins.




  • La forme gangréneuse
    Elle affecte les doigts et les orteils. Les symptômes comprennent une perte de lambeaux de peau, un affaiblissement de la circulation du sang, une perte de sensibilité des extrémités, des grosseurs et, finalement, la pourrissement des zones touchées.
    Ce qui donne l’impression que le sujet brûle de l’intérieur.



Et nous pouvons les présenter en quatre périodes :


    A la première période"Un homme sain, robuste, gai, devient tout à coup sombre, mélancolique, presque stupide. Il sent un malaise, un brisement dans les membres et un accablement général pendant le jour, alors que la nuit il est agité de rêves effrayants qui l’éveillent en sursaut. Il ressent des douleurs vagues au dos et surtout aux jambes et éprouve des mouvements involontaires ou des contractions spasmodiques. Parfois une chaleur cuisante et momentanée envahit la partie qui doit éprouver les effets du mal. Le ventre est un peu dur et tendu, mais libre, quelquefois douloureux. Les urines toujours libres et abondantes mais couleur de paille et limpides." C’est ainsi que la maladie débute.




    A la deuxième période"La seconde période s’annonce par l’augmentation des accidents dont on vient de parler : les membres qui avaient été en convulsions sont pesants, engourdis. Dans ceux qui sont menacés de gangrène, il y a une douleur vive et poignante qui, lorsqu’elle est très forte, fait naître une sueur à la tête et à la région épigastrique4. On observe constamment que dans cet état l’air froid diminue la douleur des membres. Si on saigne alors le malade, on en tire un sang noirâtre, visqueux et sec. Chez quelques sujets, on aperçoit une rougeur érysipélateuse aux membres qui tourne bientôt au violet. L’appétit se soutient encore quelquefois dans cette seconde période, mais tous les aliments chauds fatiguent l’estomac."




    A la troisième période"La troisième période s’annonce par le changement subit de la douleur vive que les malades sentent aux pieds ou aux mains, douleur qui se transforme en froid glacial : alors le sentiment s’éteint entièrement dans la partie souffrante. La douleur se communique de proche en proche, de la main à l’avant-bras, de l’avant-bras au bras, etc... La même progression de la douleur a lieu dans les parties inférieures, lorsqu’elles sont attaquées. Le membre affecté devient livide et semble avoir été trempé dans de l’eau glacée. La partie diminue de volume et se dessèche. Les malades pâlissent, jaunissent, se refroidissent peu à peu. Le meilleur signe qu’il y ait de cette période est un fourmillement dans la partie malade qui annonce un commencement de vie. Il incommode beaucoup les malades, mais bien moins que l’engourdissement auquel il a succédé ou qui pourrait le suivre."




    A la quatrième période"La quatrième période se remarque au moment où le membre malade, qui était livide, est devenu comme une chair boucanée et noire, et que le sentiment et la vie n’y existent plus. Le membre devenu noir n’est pas fétide : il est comme durci et desséché au feu, sans vie et sans sentiment et sa séparation du reste du corps est désirable. La nature l’opère souvent d’elle-même, surtout aux articulations."




Remèdes

L'on conseille le plus souvent un pèlerinage auprès des reliques de Saint Antoine, situées au monastère de Saint Antoine l'Abbaye 5. Il est parfois nécessaire de faire ce pèlerinage plusieurs fois, le mal semblant résistant.

Mais outre l'intérêt religieux qui, rappelons le, ne doit pas avoir d'impact sur le travail du médecin, il existe un remède plus "physique".
Un seul effectivement, mais relativement efficace.

C'est un breuvage thérapeutique administré exclusivement aux malades frappés du "Mal des Ardents" du nom de Saint-Vinage 6.
Ce remède, inventé et principalement administré par les Hospitaliers de Saint-Antoine, possède une composition gardée jalousement par ces derniers. Pour vous offrir le meilleur des cours possibles nous sommes parvenus à prendre connaissance de tous ces ingrédients.

Quatorze plantes sont répertoriées comme pouvant entrer dans la composition du Saint Vinage : grand plantain, plantain lancéolé, coquelicot, verveine, renoncule bulbeuse, scrofulaire aquatique, ortie blanche, chiendent rampant, véronique petit chêne, gentiane croisette, dompte-venin, trèfle blanc, souchet, épeautre.
Ces plantes sont, la plupart du temps, accommodées de vinaigre et de miel.
Concassées, bouillies, macérées, elles permettent l'élaboration de nombreux emplâtres, jus et autres décoctions ou encore d'onguents destinés aux plaies ouvertes et aux ulcères.

Les saignées ne sont pas conseillées pour l'ergotisme, car le sang semble s'écouler difficilement.
Il est aussi possible d'utiliser certaines plantes purificatrices, d'administrer les soins habituels, mais le baume de Saint-Antoine apparaît comme le plus efficace.
A noter aussi que le froid permet de soulager la sensation de brûlure et de baisser le niveau de fièvre.

L'amputation des membres morts, si elle ne se fait pas naturellement, est nécessaire pour endiguer la propagation du mal.

L'ergotisme Facmeduse-292133e


Cours rédigé par Meleagre d'Aeden,
Médecin diplômé de l'Ostel-Dieu de Paris



Notes a écrit:
1 L'étiologie de la maladie « ergotisme », largement répandue au Moyen-Âge, est due à la consommation de seigle contaminé par l’ascomycète Claviceps purpurea, un champignon de quelques millimètres de long qui contient un poison violent : l’ergotine. L'ergotisme n'est pas une maladie mais un empoisonnement endémique. Les conséquences dans l’organisme sont : la fermeture de certaines veines et artères, ce qui provoque des gangrènes irrémédiables.

2 Sainte Dymphne de Geel (aussi Dymphna, Dymfna, Dimfna, Dympna ou Dimpna) est une sainte martyre du VIIe siècle, probablement née en Angleterre. Elle est la sainte patronne de la ville de Geel dans la Province d'Anvers en Belgique.

3 Division encore en application actuellement.
Aujourd'hui, ce type d'intoxication est pratiquement impossible, mais une épidémie a été rapportée en Éthiopie en 2001 suite à l’ingestion d’orge contaminé.


4 La région supérieure et moyenne de l'abdomen, comprenant le duodénum, une partie du foie, le pancréas et une partie de l'estomac.

5 Saint-Antoine-l'Abbaye est une commune française, située dans le département de l'Isère et la région Rhône-Alpes.

6 Le terme de "Saint-Vinage" englobe toute forme de remèdes à base de vin utilisés pour la guérison des malades, pour n'importe quelle maladie, et placés sous l'égide d'un Saint.
Cela prend donc un caractère à la fois médicinal et liturgique.
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